Grille de nuit. Silhouette. Disparition totale : le globe s’est fendu. Carnaval les barreaux quelque chose se rompt : La discussion, n’est plus la même. Le mental fait défaut. Bloc d’os, soleil vieux sècheresse. Nous on ne savait pas, personne ne savait. Précipitation, excessive rongée, les chiffres arpentent l’œil, défaire les formes induites. Fouiller jusqu’à épuisement. Le verbe en creux. Les bouleversements. Les grandes lignes lapidées. La sonnerie, le hurlement. Nous, on ne savait pas, non, de nous nul ne savait. Empreinte de l’ombre, marque sel magnétique. Suffoque la matière. Perdu descente face à face. D’autres questions seront posées. Moment désastre et la vision se perd. Claque. Le hall se vide. Le temps quitte le hall. La porte tourne. Jamais fermée. Personne. Non, personne n’aurait pu savoir. On n’a jamais rien su de personne, on pouvait pas savoir. La tête se coupe. Pagaille. Le sourire aussi c’est pagaille. Le dément coupable. Folie a un doute. L’écharde est sans équivoque. Mais comment ? Comment alors nous quoi savoir ? Ordonnance froissée. Ecaille de parfum qui se colle à la peau. Carapace altérée, courage psychiatrique. Effondrement la lame. La pierre avale l’océan. La lame exulte un cri guerrier. Noyade sans mesure. Le signal : corrosif. Nous on ne savait pas, on n’a jamais rien su de nous. Sabot sur tranche, horizontal. Le sabre nous blesse à l’étoile. Le cri. Le cri. Le cri donne trois fois le poids. Ajustement des positions, pondérabilité excise, Machinique se meurt, fluidification impossible. Détonation mourir. Le trouble un peu, mais ne rien dire. La lune n’a jamais menti, les cartes sont toujours a battre. Comment que nous on aurait pu ? Comment savoir, on n’a rien su, non non personne ne savait, personne n’a jamais rien su, on ne sait rien : des évidences.

 

 

                                          12ième étude 12ième étude
                                          12ième étude vent Chopin
                                          les oiseaux dehors
                                          tourbillons tourbillons
                                          les oiseaux le vent
                                          le vent-tourbillon
                                          12ième étude 12ième étude
                                         12ième étude vent Chopin
                                  le vent Chopin
                                  partout partout
                                  partout Chopin :
                                  vent comme un dingue
                                  qui tourne en boule
                                  et les oiseaux
                                  dehors les oiseaux
                                  et partout
                                  partout le vent
                                  le vent-comète,
                                  le vent Chopin
                                  sur le piano
                                  sur le piano
                                  12ième étude 12ième étude

                                  12ième étude et le vent fou
                        le vent fou
                        que plus rien n’arrête
                        et les oiseaux
                        tournent
                        et partout
                        partout dedans
                        dehors
                        la fenêtre
                        partout le vent
                        dingue piano
                        12ième étude 12ième étude
                        12ième étude tourbillon
                        tourbillon le vent
                        les oiseaux
                        le vent Chopin
                        les oiseaux dingues
                        les fous devant
                        partout les fenêtres
                        partout du dingue
                        et le piano
                        le piano le vent
                        tourbillons dingues
                        partout Chopin
                        sur le piano
                        12ième étude 12ième étude
                        12ième étude et les oiseaux
                        le vent comète
                        Chopin fenêtre
                        devant dehors
                        partout partout
                        partout devant
                        dehors
                        tourbillons
                        tourbillons tourbillons :
                        du dingue partout –

 

 


Tais-toi –
Ne dis rien du sang pourpre, ne dis rien de ce fleuve qui court et te soulève, ne dis rien s’il te plaît, tais-toi.
Protège-toi –
Entendre, ils ne savent pas, ils ont construit des murs de pierres, ils ont hissé des palissades…
Tais-toi –
Ne leur parle pas des pépites que les fleuves pourpres charrient, ne leur parle jamais de sang, ils le saccageraient encore :
Tu ne peux rien contre leur fièvre –
Ne va pas les voir, non –
Ne va pas là-bas –
Parler, parler, il ne faut pas –
Ils ne t’écouteront jamais, ils continueront leur massacre. Ils ne savent rien du sang pourpre, ne savent rien du sang sacré-
Si tu parles, ils te feront taire :
Une plaque de fer dans ton cerveau, fixée. Fixée jusque dans les mâchoires pour que tes dents, tes dents jamais ne desserrent, pour que ta parole s’étouffe –
Ils te feront taire crois-moi-


Tais-toi –
S’il te plaît, protège-toi –

C’est dans ma tête maintenant, c’est maintenant que c’est dans moi et que ça me trotte dedans. C’est maintenant depuis toujours mais c’est maintenant que je parle. Avant je n’aurais pas pu, je n’aurais pas su à qui dire. Je te regarde. Je tremble. A qui dire donne courage. Il faut trouver à qui parler et puis pouvoir le dire encore. Maintenant oui, je peux dire : je peux dire que c’est brutal, que ça n’en finira jamais. Que parfois ça coupe les veines, que parfois ça use le sang. Que ça ne va pas, que ça ne rentre pas, qu’il faut brûler la cigarette, qu’il faut recommencer à dire. Chercher, chercher, ce n’est pas loin, chercher, trouver, ça marche toujours pas. Et rallumer les cendres grises, reprendre le briquet, te prendre dans mes bras –
Parce que c’est impossible, je tremble. Je tremble parce que l’impossible. Tu te tais, tu dis rien. Je fume la cigarette, j’avale toute la fumée. Je prends note de mon silence et les oiseaux crient et c’est la fin. Mais c’est dans ma tête dedans. Je respire ton corps, j’avale la fumée, j’avale et mes yeux brûlent. J’avale tout ton corps dans moi, je te mets au fond de ma gorge, c’est maintenant que j’ai à dire, que cette chose en moi… Impossible, je tremble j’avale la fumée, je me fouille à ta langue, je te touche en aveugle, et cette chose à dire, et cette chose au fond de moi… et ça fait que les oiseaux crient, que j’ai la chair en extension, que j’ai tout ton corps dans la bouche. Et la fumée monte et tout me renverse, c’est dans ma tête que je respire. Si c’est à dire, c’est maintenant. Et je lèche la cigarette, alors la lueur du briquet, et je voudrais lécher ton corps. J’ai toujours cette chose à dire, j’ai à la dire maintenant, reprendre un peu la cigarette, soupirer la fumée c’est bleue, et mon souffle connais ton odeur. Fumer, fumer la cigarette, avaler tout l’air bleu. Les odeurs, avaler : mais la chose à dire... C’est maintenant je dois la dire. Je sais à qui parler, je sais à qui je parle, c’est maintenant, c’est maintenant. Tu as peur tu transpires, chercher chercher ce n’est pas loin, et rentrer dans le cri. Je t’avale dans moi, je me colle à ta bouche, c’est maintenant ; nos lèvres c’est maintenant, se salivent, mon souffle c’est maintenant, vient se fendre, maintenant tu m’avales, tu m’avales à ton cri. Les odeurs, un soupir, la cigarette : reprendre le briquet. Le briquet le reprendre, pour prendre l’air un peu. Mais l’air manque à ma gorge, dans ma gorge tout toi, me portes dans sa bouche, je happe, je happe l’air et dedans moi, encore cette chose à dire, cette chose c’est maintenant que je dois la sortir de moi, je sais à qui dire la chose, mais je suis avalée dans toi j’ai toute ma chair dans ta bouche, toute la chair de moi dans toi et je happe ton souffle, et tu as pris le mien. Je tremble, j’ai peur. J’ai très peur et je tremble. Alors refaire bleu un rond de cigarette, refaire le parfum. Tu te tais je dis rien, j’avale ta salive j’avale avec les mains, non c’est toi qui m’avales je sais, je sais je sais je sais, c’est maintenant, ça recommence, maintenant le cri des oiseaux, je sais à qui je parle, c’est maintenant, c’est maintenant que tu me bois. L’air, je happe l’air et tu me bois, tu transpires ma chair et mes lèvres, je me perds j’ai peur et je tremble, dans le ciel : Le cri des oiseaux.


Edith Azam est née le 2 août 1973. Pour tous renseignements complémentaires, s'adresser à Julien Blaine.


Bibliographie:
Opium/le ciel & le vent ?, aux éditions le Suc et l'Absynthe
Rupture
, aux éditions Le Dernier Télégramme

Mercure, deux hors-série, éd. 22, Montée des poètes
Un objet silencieux, avec Valérie Schlée, aux éditions le Suc et l’Absinthe


A paraître en 2007 :
Letika Klinik, aux éditions Dernier Télégramme, en mars 2007
Mercure, aux éditions Castells
Mon frère d’encre, aux éditions Castells